Cpts, Téléconsultation, Rac 0… les chantiers de l’assurance-maladie

Nicolas Revel
Nicolas Revel

Nicolas Revel, directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) a été renouvelé en octobre dans ses fonctions pour 5 ans. Il était l’invité de l’Association des journalistes de l’information sociale. L’occasion de faire le point sur les nombreux chantiers dans lesquels est impliquée l’assurance-maladie.

« Mes objectifs durant ce prochain mandat, c’est d’abord le déploiement des CPTS qui vont permettre que l’accès aux soins s’améliore dans les territoires mais aussi de faire baisser le renoncement grâce au «100 % santé» a introduit le Directeur de la Cnam.

100 % santé

Cette dernière est à ses yeux, une «réforme majeure». Car si les Français ont un reste à charge en santé (après remboursement sécurité sociale plus complémentaire) parmi les plus bas de l’OCDE, ce n’est pas le cas pour certains postes comme les prothèses dentaires ou auditives qui entraînent des renoncements aux soins importants qui placent la France en bas du tableau des pays européens, d’où l’importance de cette réforme pour le patron de la Cnam qui précise qu’en dentaire, la moitié des actes prothétiques seront éligibles au Rac zéro.

Celui-ci a tenu à rappeler que cette réforme représente un investissement très fort dans la prévention par le biais de la revalorisation des actes conservateurs afin de remettre en adéquation rationalité médicale et économique : «En caricaturant à peine, on pourrait dire qu’avant cette réforme, un chirurgien-dentiste, perdait de l’argent sur les actes conservateurs et en gagnait sur les actes prothétiques qui sont en fait un échec médical» explique t-il.

Téléconsultation, une montée en charge

Nicolas Revel s’est aussi félicité du déploiement de la téléconsultation remboursée – sous conditions- par l’assurance-maladie depuis septembre 2018.

« Le démarrage a été timide, à peine quelques milliers de consultations chaque mois mais nous sentons une accélération réelle depuis le mois novembre où 23 000 ont été réalisées et 30 000 en décembre. La France est 1er pays occidental a avoir inscrit cette pratique au remboursement, certes sous conditions mais de manière très large. On constate une nette montée en charge au fur et à mesure qu’elle conquiert de nouveaux médecins et que ces derniers s’équipent». Le Directeur se dit «optimiste». Pour lui la téléconsultation devrait trouver une vraie place dans les prises en charge en facilitant l’accès aux médecins non seulement pour le premier recours mais aussi dans le suivi au long cours des pathologies chroniques. Depuis le 1er janvier un pas a été franchi, puisque les infirmières sont désormais rémunérées lorsqu’elles assistent un patient pour une téléconsultation soit à son domicile soit dans un lieu dédié.

Nicolas Revel a cependant déploré le développement des plateformes commerciales qui se sont engouffrées sur ce secteur même si les consultations ne sont pas prises en charge par l’assurance-maladie. Il est en particulier revenu sur l’affaire du site arretmaladies.fr qui propose, en quelques clics et moins de dix minutes, d’obtenir un arrêt maladie après un simple questionnaire et une téléconsultation avec un médecin. La Cnam a récemment déposé une action en référé contre ce site pour «tromperie» à laquelle l’ordre des médecins s’est joint. «Une date d’audience est prévue à la mi février», informe Nicolas Revel qui suit le dossier avec attention.

CPTS, 450 acteurs en mouvement

C’est sans doute, le chantier dont le patron de la Cnam est le plus fier. Les Cpts sont pour lui au coeur de la transformation du système de santé et de l’accès aux soins dans les territoires et la formule adaptée à l’augmentation des patients vieillissants et atteints de pathologies chroniques, car ils permettent «de sortir du cloisonnement, de l’atomisation de l’offre libérale en ville et de l’exercice solitaire de la médecine».

«Nous observons des dynamiques très positives depuis un an. Déjà 450 projets sont recensés dans les territoires. Les professionnels ont parfaitement compris à quel point travailler de manière pluridisciplinaire répondait à une nécessité et pouvait apporter une vraie valeur ajoutée et l’amélioration à leurs conditions d’exercice et à une meilleure qualité pour les patients. La CPTS n’est pas un carcan ou un piège technocratique de plus mais permet de mieux faire. 300 acteurs ont envie d’y aller et se mettent au travail, 100 ont vu leurs lettres d’intentions et 50 leurs projets de santé validés par les Ars. Une trentaine de CPTS étaient déjà en activité et dans les derniers jours quatre ont démarré à Vénissieux, dans le Vercors, dans la région de Bourges et dans le 14 ème arrondissement de Paris. Plusieurs dizaines devraient entrer en activité dans les prochains mois ».

Assistants médicaux

La possibilité pour les médecins de recourir à un assistant médical pour libérer du temps médical était prévue par la loi « Ma santé 2022 ». 302 contrats d’assistants médicaux ont été signés, en général auprès des généralistes et 314 sont en train d’être finalisés, dont 75 % dans des zones sous dotés en professionnels. «Les médecins s’approprient le dispositif de manière croissante. Ces 300 premiers postes ont déjà permis une augmentation de patientèle de 40 000 personnes supplémentaires, une moyenne de 12 %» se félicite Nicolas Revel

Complémentaire de santé solidaire

La complémentaire santé solidaire est entrée en vigueur depuis le 1er novembre 2019. 20 % des nouveaux entrants ont choisi leur caisse primaire comme complémentaire santé, a informé le Directeur de la Cnam.