«Vouloir supprimer l’Ame n’a pas de sens» pour Philippe de Botton président de Médecins du Monde

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Philippe de Botton, président de Médecins du Monde
Philippe de Botton, président de Médecins du Monde

Une fois de plus, un gouvernement menace de toucher à l’Aide médicale d’Etat (Ame). Qu’en pensez-vous ?

En effet, cette possibilité a été évoqué fin juillet et nous avons réagi immédiatement. Selon le gouvernement, l’Aide médicale d’Etat coûterait trop cher et viendrait encourager les filières de migrants en créant un appel d’air. Ce qui est complètement faux. Moins de 3 % des personnes migre pour des raisons de santé. L’Ame 0,5 %du budget de l’Etat. Et s’il y a parfois quelques cas de fraudes, comme partout, elle est surtout bien en deçà de l’immensité des besoins. Aussi, nous ONG, nous retrouvons acculés à défendre un dispositif qui est déjà bien loin d’être satisfaisant.

C’est-à-dire ?

L’Aide médicale d’Etat a été crée par la loi contre les exclusions en 2000, celle qui allait également donner naissance à la Couverture médicale universelle (CMU). Mais l’Ame est une couverture sociale à minima puisque les personnes n’ont pas accès à l’intégralité du panier de soins.

Comment expliquez-vous cette volonté systématique de la remettre en cause ?

L’Ame représente toujours un enjeu politique alors qu’elle ne devrait être qu’une question de santé. Déjà l’Inspection Générale des Affaires Sociales en 2010, parlait d’aberration en terme de santé publique lorsqu’il fut déjà question de la supprimer. On le sait très bien : soigner plus tôt coûte à terme moins cher à la société. Ce type d’annonce témoigne d’une dérive politique idéologique qui ne rime à rien. Cela n’a pas de sens.

Il semblerait que de nombreuses personnalités politiques macronistes ne soient pas favorables à un changement.

Oui on nous dit qu’Agnès Buzyn et certains députés sont contre cette suppression mais nous allons rester extrêmement vigilants car nous n’avons pas confiance dans ce gouvernement. Nous allons nous battre également pour être certain qu’elle va au moins rester en état, c’est-à-dire que l’on ne baisse pas le panier de soins, que l’on ne décide pas d’instaurer un ticket modérateur ou que l’on exige pas un préalable sur certaines pathologies.