« Beaucoup d’étudiants n’ont pas de couverture santé », Quentin Bourgeon, président de REVES Jeunes

Quentin Bourgeon, président de l’association REVES Jeunes © REVES Jeunes
Quentin Bourgeon, président de l’association REVES Jeunes © REVES Jeunes

L’association REVES Jeunes, lancée au printemps 2020, entend apporter une aide concrète aux étudiants en matière de santé et de prévention. Et avec une approche participative des jeunes. Quentin Bourgeon, président de l’association, nous explique. L’association, qui entretient des liens étroits avec les mutuelles, sera présente au 43e congrès de la Mutualité Française, du 7 au 9 septembre à Marseille.

Comment est né le projet de l’association REVES Jeunes ? 

Quentin Bourgeon : REVES Jeunes a été créée au début de la crise du Covid au printemps 2020. Des personnes, engagées dans le monde mutualiste notamment et des jeunes psychologues se sont réunis pour aider concrètement les étudiants sur la question de la santé mentale et de la santé de façon plus générale. La crise sanitaire a aggravé la situation mais c’était déjà une réalité avant. 

Quelles sont les spécificités de la santé des étudiants ? 

Quentin Bourgeon : La prévention est particulièrement importante, que ce soit concernant l’alcool, le tabac, les comportements en soirée. Beaucoup de travail reste à faire sur ce sujet. Surtout, cette approche ne doit plus être paternaliste et descendante voire culpabilisante. Nous pensons qu’il faut construire la prévention avec les étudiants. Et aussi toutes les solutions santé : déserts médicaux, mal être étudiant, parcours de soins, etc. Il n’est plus possible d’arriver en disant “ Salut les jeunes, on a prévu ça pour vous ”. Ça ne marche pas. Et même quand ça marche, c’est parfois insuffisant ou ça ne fonctionne qu’auprès d’un public spécifique. 

La santé est-elle une préoccupation chez les jeunes ?

Quentin Bourgeon : Ils sont assez intéressés par la santé. Mais aujourd’hui, ce sujet, pourtant essentiel, n’est pas un poste de dépenses prioritaire chez les jeunes comparé au logement, aux transports ou à l’alimentation. Ainsi, on se retrouve avec beaucoup d’étudiants qui n’ont pas de couverture santé et qui ne peuvent pas assumer cette charge. D’autant plus qu’avec la fin du régime étudiant depuis septembre 2019, les mutuelles ne viennent plus informer les jeunes sur la santé, la prévention et l’importance d’avoir une complémentaire santé. 

Quelles sont les actions de REVES Jeunes ?

Quentin Bourgeon : Au pôle santé, nous avons deux dispositifs : Ton Info Santé (TIS) et Ta Permanence Santé (TPS). Le premier accompagne les jeunes dans leurs démarches : carte Vitale, médecin traitant, souscription à une mutuelle… Nous profitons de cet entretien de près d’une heure pour réaliser un  “ check-up ” global de la santé des bénéficiaires. Nous les questionnons sur leurs études, leurs papiers pour les étudiants étrangers, leurs liens sociaux, etc. On ne peut pas être en bonne santé mentale si on n’a pas de logement par exemple. L’autre dispositif, TPS, propose un accompagnement, gratuit ou quasiment, par des psychologues bénévoles, des sophrologues ou des coachs de vie. 

L’association mène aussi des actions de prévention…  

Quentin Bourgeon : Notre deuxième pôle est consacré à la prévention, à laquelle les bénéficiaires peuvent participer selon une démarche de pair-aidance que nous défendons. Nos campagnes durent entre trois et quatre mois. Un temps long, qui permet de faire émerger d’autres sujets en fonction des retours et des attentes des jeunes. Par exemple, notre campagne sur la contraception a aussi permis de parler de sexualité et de charge contraceptive. 

Où intervenez-vous ?  

Quentin Bourgeon : Nous sommes une organisation nationale mais intervenons surtout en Ile-de-France et à Marseille. Nous nous rendons sur les campus universitaires, notamment lors des distributions alimentaires. A l’échelle nationale, nous participons au Forum français de la jeunesse, et nous sommes partenaires de plusieurs autres associations ou organisations de jeunesse comme Droit au savoir, par exemple, pour les jeunes en situation de handicap. 

Comptez-vous développer vos actions sur d’autres territoires ?

Aujourd’hui, nous sommes une trentaine de bénévoles, dont une douzaine très actifs. Nous comptons également une douzaine de psychologues bénévoles, une sophrologue et une vingtaine de coachs de l’association des coachs de France. Nous prenons le temps de faire les choses correctement en ne nous étendons pas trop vite. 

Quels sont les liens de REVES Jeunes avec le monde mutualiste ? 

Quentin Bourgeon : Nous sommes partenaires de plusieurs mutuelles. Un de nos membres est élu du conseil d’administration de la mutuelle Intériale, qui nous subventionne (et qui détient la marque LMDE, mutuelle historique étudiante d’avant la réforme de 2019, ndlr). Cela nous permet de porter la question étudiante. Avec la mutuelle Solimut à Marseille, nous réfléchissons actuellement à une action autour de la diététique et de l’alimentation. La Fédération de la mutualité française (FMF) nous prête des locaux à Montreuil, où nous tenons des permanences pour Ton Info Santé. Tous ces liens permettent aussi d’alimenter nos réflexions, en particulier sur les thématiques que nous souhaitons développer, comme l’éco anxiété par exemple. 

Alexandra Luthereau