A l’invitation de parlementaires du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, une centaine d’acteurs de la santé sont venus faire entendre leur voix à l’Assemblée nationale.
« Donner la parole aux acteurs de terrain », c’était bien l’idée de Pierre Dharréville, député de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, initiateur de cette consultation. Ils étaient une centaine, le 10 janvier 2018 à l’Assemblée nationale, à avoir répondu à l’appel pour témoigner des conditions de travail et de la situation dans les hôpitaux de leur région. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas brillante : salariés épuisés, explosion du nombre de suicides, manque de personnel, de lits, de matériel, restructurations sauvages, concentrations dans des groupements hospitaliers gigantesques comme dans l’Essonne sur le plateau de Saclay, tandis qu’avancent les déserts médicaux, dettes hospitalières sans précédent, menaces de fermetures comme à l’hôpital de Garches, à Saint-Vincent-de-Paul à Paris ou à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille où 35 % des lits devraient être supprimés dans les toutes prochaines années. On ne compte plus non plus les effets pervers de la tarification à l’activité, les bascules vers le privé comme l’hôtellerie de l’Hôtel-Dieu à Paris, le nombre d’usagers inquiets comme à Dôle où les patients ont rédigé une pétition pour dénoncer les conditions de travail des salariés de l’hôpital, les difficultés à accéder à une Interruption volontaire de grossesse (130 centres fermés en dix ans), les cas de patients en chimiothérapie relégués sur des chaises dans des couloirs faute de lieux d’accueil…
Les prises de parole, nombreuses, sont accablantes : « Ne nous demandez pas de faire de la qualité, nous faisons de l’abattage. On devient maltraitant », déplore une infirmière parisienne. « Il va encore y avoir des morts et ce sont les lampistes, en l’occurence, les salariés qui vont payer », alerte un médecin. Pour Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime : « Notre République est une et indivisible. Comment faire en sorte que, quel que soit le lieu où l’on habite, on ait droit à un égal accès aux soins et à une médecine de qualité ? »
Au-delà des constats, comment faire en sorte de « faire grandir des mouvements populaires pour défendre l’hôpital, notre bien commun ? » interroge Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne.
Cette rencontre devrait déboucher sur d’autres afin d’ébaucher des pistes et des propositions : par exemple, développer des centres de santé en ville avec la Mutualité, postes avancés de premier recours, travaillant avec les hôpitaux ou encore lancer un appel pour défendre l’hôpital en danger. C’est surtout la mise en synergie de tous les acteurs qui va devoir être mise en œuvre pour tenter de sauver un hôpital en soins palliatifs.