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Pour le sociologue Frédéric Pierru : « Ce n’est pas aux mutuelles de payer le reste à charge zéro»

Lors d’une conférence-débat organisée par « les Contrepoints de la santé » (1), Nicolas Revel, patron de l’Assurance maladie et le sociologue Frédéric Pierru ont présenté leur vision du « Reste à charge zéro ».

Nicolas Revel, directeur de la Caisse nationale d’Assurance maladie et Frédéric Pierru, sociologue et politologue, étaient les invités des Contrepoints de santé. L’occasion, bien sûr, d’évoquer le sujet du « Reste à charge (Rac) zéro » qui va occuper le devant de la scène de la protection sociale durant ce premier semestre 2018. « En ce qui concerne le dentaire, il faut que l’on soit bien au clair sur le panier de soins que l’on souhaite prendre en charge dans le cadre du « Rac zéro », explique Nicolas Revel. Parallèlement, il va falloir remonter les tarifs des soins conservateurs. Nous ne pouvons pas continuer plus longtemps dans la situation actuelle. A savoir, laisser filer une liberté tarifaire sur les prothèses sans revaloriser les tarifs des consultations de base. »

Remonter le tarif des soins conservateurs, mettre en place des paniers « Rac zéro » pour les prothèses et pour les lunettes, voilà le chantier qui attend la Cnam et le gouvernement : « Le surcoût sera résiduel et partagé entre sécu et complémentaires », affirme le patron de l’Assurance maladie. Le sociologue Frédéric Pierru n’est pas pour : « C’est à l’Assurance maladie et non pas aux complémentaires de prendre en charge ce panier de soins de base. » Ce dernier en profite d’ailleurs pour souligner toute l’ambiguité qui entoure les dernières réformes sur la vaccination: « on a rendu obligatoire 11 vaccins… C’est une bonne chose et je suis pour. Or, seuls 65 % de ces vaccins sont remboursés par l’Assurance maladie. Que se passe t-il pour les gens sans mutuelle ? »

Frédéric Pierru estime également qu’il ne peut exister une Assurance maladie performante si les professionnels ne s’engagent pas sur des tarifs opposables. Pour cela, « le gouvernement va devoir accepter un conflit avec les syndicats médicaux ».

Quant à la question de l’audioprothèse, elle est plus que jamais d’actualité : « L’Assurance maladie a besoin de réinvestir ce secteur », reconnaît Nicolas Revel.  Une situation réellement. Une nouvelle étude publiée aujourd’hui (2) confirme un surrisque de dépression, de démence, et de dépendance chez les sujets âgés ayant une perte de l’audition, et son absence chez les personnes appareillées. 

Or, en France, si deux millions de personnes portent un appareil, un million renoncent à s’équiper, notamment à cause du reste à charge, qui s’élève à 958 euros pour une oreille. 

1) Retrouvez tous les débats filmés des « Contrepoints de la santé »  https://www.veille-acteurs-sante.fr/category/focus-et-analyses/les-contrepoints-de-la-sante/

2) Journal of gérontology : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29304204

 

Anne-Marie Thomazeau
Rédactrice en chef adjointe du magazine Viva, Anne-Marie Thomazeau est spécialisée dans la protection sociale et l’économie de la santé.

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