L’Uniopss alerte sur la détresse des professionnels du secteur sanitaire et social

Dans les locaux de l'association nationale EDVO

A l’occasion de la présentation de sa traditionnelle publication de rentrée sociale, jeudi 23 septembre à Paris, l’Uniopss, porte-parole des associations sanitaires, sociales et médico-sociales, s’est inquiétée des menaces qui pèsent sur la pérennité des métiers du secteur. Elle appelle à une journée de mobilisation nationale le 6 octobre, qui sera suivie d’un congrès à Rennes les 13 et 14 janvier, pour défendre l’attractivité de ces professions et replacer leurs problématiques au cœur du débat électoral.  

« C’est un véritable cri d’alerte que nous lançons », a insisté Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss, lors d’une conférence de presse organisée jeudi 23 septembre à Paris, en déplorant les grandes difficultés rencontrées par les professionnels du secteur sanitaire et social. Dans l’édition 2021-2022 de son ouvrage « Rentrée sociale », publication annuelle qui dresse le bilan des associations engagées aux côtés des personnes vulnérables, l’union s’alarme des remontées particulièrement inquiétantes émanant du monde associatif.

« L’usure (…), l’épuisement et le sentiment de non-reconnaissance ont atteint un tel degré que beaucoup interrogent leur évolution professionnelle, que ce soient les professionnels dits de terrain ou les équipes encadrantes », a précisé Isabelle Léomant, conseillère technique Accompagnements-acteurs-parcours de l’Uniopss.

Des secteurs sinistrés

Si certaines des actions menées par le gouvernement pendant la pandémie ont été saluées, comme la politique du « quoi qu’il en coûte » qui a, selon Patrick Doutreligne, « sans doute » permis « d’amortir les impacts sociaux de la crise », l’union a néanmoins dénoncé l’accentuation du malaise déjà installé depuis de nombreuses années. Face à des conditions de travail fortement dégradées, les organismes, très engagés pendant la crise sanitaire, doivent désormais faire face à un accroissement de l’absentéisme, du turn-over, voire des démissions. Autant de situations critiques qui finissent par entraîner la fermeture de ces structures et la mise en danger des personnes fragiles et vulnérables. 

Quant aux revalorisations salariales accordées aux soignants lors du Ségur de la santé, elles apparaissent clairement insuffisantes et ont suscité « beaucoup d’insatisfaction et de colère » auprès des associations sanitaires, sociales et médico-sociales, souligne l’union. Plus d’un an après cette consultation, les incertitudes persistent encore sur les modalités de financement et de nombreux professionnels oubliés « attendent toujours les résultats des négociations les concernant, comme les personnels en charge du handicap, de la protection de l’enfance et de la lutte contre les exclusions et la pauvreté ». 

Réflexion globale

Pour inverser la tendance, il est donc urgent d’agir sur l’attractivité des métiers du secteur, à l’heure où la pénurie de professionnels se confirme et où le nombre d’étudiants continue de baisser. Au-delà de la question économique, c’est une réflexion globale sur la formation, la gouvernance et les conditions de travail qui doit être menée, explique l’Uniopss.

A commencer par la mise en œuvre d’enquêtes sur la prévention des risques professionnels pour faire suite au constat alarmant récemment dressé par l’Assurance maladie sur la fréquence des accidents du travail dans le secteur de l’aide à domicile (en première position avant le BTP). C’est dans cette optique et afin de lutter en faveur de la revalorisation de toutes ces professions que l’Uniopss appelle à une journée de sensibilisation nationale le 6 octobre, au cours de laquelle tous les acteurs de son réseau seront mobilisés.

Un « projet de société » dévoilé pendant la campagne présidentielle

Et ce n’est pas tout : échaudée par l’absence de résultats des différentes concertations organisées au cours des deux premières années du mandat d’Emmanuel Macron ; concertations « qui n’étaient en réalité que de simples consultations » à l’issue desquelles le gouvernement n’a retenu « aucune de nos remarques ou suggestions », souligne l’Uniopps ; mais aussi par les abandons successifs des lois autonomie, grand âge, protection de l’enfance, et par les mesures d’économie faites sur l’allocation aux adultes handicapés (AAH), l’union a décidé d’aller plus loin. 

Engagée dans le « Pacte du pouvoir de vivre » aux côtés de la CFDT, de la Fondation Nicolas Hulot et d’autres organisations travaillant main dans la main pour « faire face à l’urgence sociale et économique », elle prévoit de proposer un véritable « projet de société » basé « sur le partage et la recherche d’un vivre ensemble apaisé et solidaire ». Un projet ambitieux, qui sera présenté lors du congrès de l’union les 13 et 14 janvier et avec lequel l’Uniopss compte bien faire entendre sa voix, à quelques mois des présidentielles.

Capucine Bordet

https://www.uniopss.asso.fr/actualites/rentree-sociale-luniopss-souligne-lurgence-et-se-projette-dans-lavenir