« Nous voulons améliorer les services de l’Etat à partir de notre expérience de terrain », Prune Helfter-Noah du collectif Nos services publics

Le Collectif Nos services publics entend faire porter la voix des agents qui font les services publics au quotidien, sur le terrain © 123RF
Le Collectif Nos services publics entend faire porter la voix des agents qui font les services publics au quotidien, sur le terrain © 123RF

Ni think tank ni syndicat, le collectif Nos services publics entend faire porter la voix des agents qui assurent les services de l’Etat, au quotidien, sur le terrain. Prune Helfter-Noah, conseillère métropole Aix-Marseille-Provence et élue de la mairie des 4e et 5e arrondissements de Marseille, est l’une de ses trois porte-paroles. Elle revient sur l’ambition du collectif et ses premières contributions au débat public.

Comment est née l’association ?

Prune Helfter-Noah : Le collectif est né au printemps 2021 autour d’Arnaud Bontemps, qui travaille au conseil départemental de Seine-Saint-Denis. L’idée est de rassembler, dans un autre cadre que celui des syndicats, les agents des trois fonctions publiques, toutes catégories confondues (Etat, territoriale et hospitalière). Pour réfléchir à nos pratiques professionnelles et modifier leur fonctionnement de l’intérieur.

Notre second objectif, tourné vers l’extérieur cette fois, est de porter une parole différente dans l’espace public. Et qui ne soit pas celle des chercheurs, des think tanks ou des syndicats. Concrètement, notre ambition vise à améliorer les services publics à partir de notre expérience d’agents, c’est-à-dire de praticiens des services publics.

Pourquoi est-ce important de défendre le service public aujourd’hui ?

P. H.-N. : C’est essentiel ! Notre modèle de société repose sur les services publics, qui doivent garantir l’accès pour tous à la santé, à l’éducation, à la sécurité, la lutte contre le réchauffement climatique etc. Ces dernières années, ces administrations ont été durement attaquées et laminées. Aujourd’hui, les effets de ce délitement sont visibles dans tous les secteurs et tous les territoires. C’est dramatique d’en être arrivé là. Nous défendons une vision universaliste des services publics. Des services de qualité, pour tous et partout. Et qui ne servent pas seulement de filet de sécurité pour les plus précaires. Nous souhaitons des réseaux de chemins de fer, des bureaux de postes, des professionnels de santé soignants et non soignants sur tous les territoires… pour offrir de meilleurs services à tout le monde. Notre plus-value est de décortiquer les mécanismes de l’intérieur, proposer d’autres solutions et de montrer que cela est possible.

« Nous souhaitons sortir du dogme selon lequel il faut toujours faire avec le moins de budget possible », Prune Helfter-Noah, porte-parole du collectif Nos services publics

Quelles sont les actions menées par le collectif ?

P. H.-N. : Nous tenons des réunions pour discuter des sujets. A partir de ce travail, nous produisons des notes, des tribunes, des rapports…. Nos sujets concernant aussi bien le numérique et la dématérialisation des services publics, le droit de réserve des agents publics, l’externalisation des services publics, ParcourSup, le budget de l’Etat… Nous portons un fort intérêt aux questions de santé. Aux débuts du collectif, nous avons d’ailleurs publié une tribune sur l’aide médicale de l’Etat (AME). Par ailleurs, aujourd’hui, notre collectif compte notamment des agents de la fonction publique hospitalière et des directeurs d’hôpitaux.

Que devient ce travail une fois produit ?

P. H.-N. : Notre idée est que ces réflexions puissent servir aux usagers. Il ne s’agit pas de rester entre soi. L’autre volet de notre action est le plaidoyer auprès de décideurs publics ou auprès d’organisations amies auprès de qui on peut faire passer nos idées. Sous forme de proposition de loi, de projet de loi ou d’amendements. Nous voulons faire bouger les choses.

Un exemple de reprise concrète de votre travail ?

P. H.-N. : En avril 2021, nous avons travaillé sur la question de l’externalisation des services publics, notamment vers les cabinets de conseil. Et la manière dont ce recours sape la capacité d’agir des pouvoirs publics. Notre rapport a alimenté le débat parlementaire, lequel a abouti à la mise en place de deux commissions d’enquête. Autre exemple, une note a été produite sur ParcourSup au printemps 2022.

Avec ce texte, nous avons voulu dénoncer le simulacre de choix proposé par cette plateforme. Et montrer qu’il vise surtout à gérer la pénurie de places dans l’enseignement supérieur. Elle a été reprise par les médias et par des députés nouvellement élus, notamment de gauche. Cela a donc contribué au débat public. Ce qui est l’objectif de propositions. Aujourd’hui, elles sont encore marginales dans cet espace, saturé depuis de nombreuses années par les idées liées à la productivité, la baisse des coûts, la fusion des services… loin de nos principes et de nos valeurs.

Quels sont justement vos principes et valeurs ?

P. H.-N. : Nous pensons qu’il faut partir de l’intérêt général, du besoin des personnes pour trouver la meilleure manière de les servir. Et sortir du dogme selon lequel il faut toujours faire avec le moins de budget possible…

Alexandra Luthereau