Pierre-Jean Lancry, président par intérim du Hcaam : « nous ne nous attendions pas à un tel buzz »

L'Hcaam a publié son rapport sur des pistes d'avenir pour la protection sociale © 123 RF
L'Hcaam a publié son rapport sur des pistes d'avenir pour la protection sociale © 123 RF

Alors que le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie vient de présenter son rapport, son président par intérim, Pierre-Jean Lancry, était l’invité de l’Ajis, association des journalistes de l’information sociale. Rencontre.

A quoi sert le Hcaam ?

« Notre mission est d’imaginer des pistes pour améliorer notre système de protection sociale. Le Hcaam, c’est une machine à fabriquer du consensus, avec des représentants de la société civile, des professionnels, les administrations, la sécu, les complémentaires santé…

Même si les discussions montrent des désaccords, nous cherchons à instruire des pistes.

Je tiens à préciser que ministre de la Santé n’a pas demandé un rapport particulier sur la grande sécu, comme j’ai pu le lire. Il a demandé d’instruire différents scénarios, notamment disruptifs modifiant l’actuel système. Il n’a pas mandaté le Hcaam pour faire la promotion d’un scenario plutôt qu’un autre.

Je rappelle que ce que nous présentons est l’aboutissement d’un travail qui a duré plusieurs années. Il a débuté il y a 4 ans. »

https://blog.vivamagazine.fr/article/secu-les-4-scenarios-du-haut-conseil-pour-lavenir-de-lassurance-maladie/

Pourquoi faut-il réformer le système ?

« La mission du Hcaam, est étudier les améliorations possibles du système de santé. On sait aujourd’hui qu’il y a un problème important : depuis l’Ani, les personnes en activité ont une partie de la complémentaire prise en charge par leur employeur. Ce qui n’est plus le cas lors du départ en retraite. Une vraie inégalité qui est apparue.

Par ailleurs, 96% des Français ont une complémentaire santé. Mais il reste 4% de personnes à couvrir. Ce n’est pas rien. Ce chiffre passe à 13% pour les plus précaires. A nous d’imaginer des pistes… »

Vous attendiez-vous à de telles réactions au rendu de ce rapport ?

« Absolument pas. Nous avons retrouvé notre rapport dans la presse dès le lendemain de la remise aux membres. C’était choquant, car il nous faut d’abord pouvoir discuter entre nous avant de rendre public nos travaux. 

La levée de boucliers a été particulièrement forte lorsque les chiffrages sont sortis dans la presse avant que nous puissions en discuter. La fuite ne venait pas de l’Hcaam, puisque les membres n’avaient pas encore les documents. Ce buzz continu est devenu pénible, nous empêchant d’avancer. »

Comment expliquez-vous que le scenario de bouclier sanitaire apparait dans une annexe du rapport, au dernier moment ?

« Ce n’est pas un scenario. Nous avions évoqué le bouclier sanitaire dans le scenario 1 de l’une des toute premières versions. Nous l’avons retiré à la demande des membres car c’était un scenario qui devait proposer une situation pratiquement inchangée. 

Mais comme cette piste de bouclier sanitaire est intéressante, nous l’avons ajoutée en annexe. Voilà l’explication. »

 » Le problème des dépassements d’honoraires subsiste. Le sujet reste devant nous… »

Pierre-Jean Lancry, président par intérim du Hcaam

Le problème aujourd’hui n’est-il pas celui des restes à charge ? Quel est le scenario qui les supprimerait ?

« C’est un problème qui continue. Il reste des sommes importantes qui ne sont pas prises en charge par l’assurance santé qu’elle soit de base ou complémentaire.

Mais aucun scenario ne règle le problème des dépassements d’honoraires aujourd’hui. Le sujet reste devant nous. Et pour cause… il faudrait ajouter 1,4 milliard. »

Avez-vous travaillé le rapport avec la 5ème branche autour de l’autonomie ?

« Nous avons le choix de ne pas l’intégrer. La nouveauté que nous avons choisi d’intégrer est la réflexion autour de la prévoyance. »

Quel scenario privilégiez-vous ?

« Le Hcaam n’a pas à se prononcer sur un scenario ou un autre. Il n’y a pas des scenario idéal ou meilleur qu’un autre. Tout dépend ce que l’on veut. Notre rôle n’est pas de choisir car nous ne sommes pas une administration qui prépare une réforme clé en main…

Ce qui reste aujourd’hui ce sont les retraités et les précaires. Nos scenarios veulent régler le problème d’accès à la complémentaire. »