Réforme du « 100 % santé » : le premier bilan

Les opticiens doivent proposer aujourd'hui une offre sans reste à charge.

La dernière phase de la réforme dite du « 100 % santé » a été mise en place en janvier avec le remboursement intégral de certaines audioprothèses. D’un montant de 1 milliard d’euros à la charge de la Sécurité sociale et des mutuelles (320 millions d’euros), cette réforme vise à améliorer l’accès aux soins en optique, dentaire et aides auditives. Répond-elle aux attentes ? Quel premier bilan peut-on en tirer ? Pour le savoir, l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis) a organisé une rencontre avec les responsables de la Cnam et de la Mutualité française.

 « Il est difficile à ce stade d’avoir le recul nécessaire pour tirer un bilan de cette réforme, estime Franck Von Lennep, directeur de la Sécurité sociale. Nous sommes encore dans une phase de déploiement,mais surtout l’année 2020 a été très chahutée. »

En optique, la part des verres vendus dans le cadre du panier de soins dit du « 100 % santé » est de l’ordre de 14 % et de 13 % pour les montures : « Cette offre a trouvé sa place mais nous pouvons en attendre un peu plus », estime Franck Von Lennep. Dans le réseau des opticiens mutualistes où l’offre a été mise en avant, ce chiffre monte à 20 % explique Albert Lautman, directeur général de la Mutualité française.

Pour Julie Pougheon, directrice de l’offre de soins de la Cnam, il n’y a pas de profil type de bénéficiaire du panier de soins « 100 % santé ». Il est clair toutefois que ces offres rencontrent un grand succès auprès des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (Css). Ainsi, 64 % des ventes en optique se font auprès d’eux. Ce chiffre est de 14 % seulement en dentaire et s’explique probablement par le fait que le panier de soins des bénéficiaires de la Cmu comprend déjà une offre prothétique.

« Ce n’est pas une offre pour les pauvres. Elle est ouverte à tout le monde. »

Albert Lautman, directeur général de la Mutualité Française

Alors qu’en dentaire, les professionnels semblent jouer le jeu, il est plus difficile d’obtenir des bilans en optique. Des enquêtes avec testing sont actuellement menées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (Dgccrf). Si les opticiens doivent nécessairement présenter aux patients un devis comprenant une offre sans reste à charge, dans les faits « nous avons des remontées négatives sur la présentation de l’offre par certains opticiens. Elle figure dur les devis, mais elle n’est souvent pas expliquée. Elle peut même être dénigrée et présentée comme une offre bas de gamme, ce qui n’est pas le cas », déplore Marie-Annick Lambert de France Assos Santé.

Albert Lautman se dit de son côté « plutôt satisfait de ce premier bilan, même s’il faut rester prudent car 2020 a été une année particulière, en matière d’accès aux soins, en particulier dentaires. La Cnam et les mutuelles ont beaucoup investi dans le renforcement de la prévention dans le cadre de la négociation conventionnelle avec les professionnels du secteur ».

Il s’avoue cependant inquiet par le fait qu’une partie des acteurs pourrait être tentés de flécher l’offre Rac zéro vers les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (Css), tendant à faire croire qu’il s’agit d’une offre bas de gamme : « Or il s’agit d’une offre qualitative travaillée sur des critères de qualité. Ce n’est pas l’offre du pauvre. Elle est ouverte à tout le monde. Et pour la Mutualité française, il s’agit d’un point de vigilance. »