Rendre effective l’égalité entre femmes et hommes

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« Pour l’égalité effective entre femmes et hommes », ce thème du débat du Congrès des Mutuelles de France de Brest le 28 octobre est un défi pour les mutuelles. Quelles actions peuvent-elles mener alors que la crise sanitaire a révélé que les métiers utiles sont pour beaucoup féminins et mal payés et que le confinement a vu croître les violences conjugales ? Les échanges ont montré que les mutuelles ont leur place dans ce combat.

A la tribune : Dominique Joseph, secrétaire générale de la Mutualité Française ; Jocelyne Le Roux, secrétaire générale adjointe des Mutuelles de France ; Rachel Silvera, économiste à l’Université Paris – Nanterre ; et un grand témoin : Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes.

Quel est le rôle des mutuelles dans la lutte pour l’égalité effective entre les femmes et les hommes ? Une question cruciale, alors que la crise sanitaire a révélé que les métiers utiles sont essentiellement féminins et mal rémunérés et que le confinement a vu se multiplier les violences conjugales. Les Mutuelles de France en sont convaincues : les mutuelles se doivent d’être présentes sur ce sujet de l’égalité et du droit des femmes.  Le débat a montré que les structures mutualistes peuvent et doivent se saisir du sujet car, en tant qu’acteurs du mouvement social comme en tant qu’employeurs, elles sont interpellées.

Les mutuelles peuvent former leurs salariés et orienter les victimes

C’est tout d’abord sur la question des violences faites aux femmes que « les mutuelles peuvent jouer un rôle très important », comme l’a affirmé, dans une intervention filmée, Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes. Dans un témoignage passionnant et poignant, elle a décrit ce qui, dans le couple, distingue le conflit de la violence. Que peuvent les mutuelles alors que le drame se joue dans l’intimité ? Pour Ernestine Ronai, elles peuvent former leur personnel pour repérer les situations et savoir orienter les victimes. Elles peuvent informer en diffusant les numéros d’urgence sur les violences faites aux femmes (17, 114, 3919) et l’adresse : arrêtonslesviolences.gouv.fr ».

Le combat pour les femmes est aussi celui de l’égalité des salaires. C’est un fait : « La loi qui énonce “ un salaire égal pour un travail de valeur égale ” n’est pas appliquée », a déploré Rachel Silvera, économiste à l’université Paris-Nanterre. Sur cette question, les mutuelles pourraient se joindre au mouvement syndical qui a récemment lancé une pétition pour que la question de l’égalité salariale femmes-hommes ne reste pas la grande oubliée du Ségur de la santé. « C’est le moment. Il faut des mobilisations pour que les métiers à forte présence féminine qui ont été si nécessaires pendant la première vague soient revalorisés. On ne peut se contenter d’applaudissements. »

Pour sa part, Dominique Joseph, secrétaire générale de la Fédération nationale de la mutualité française, a rappelé que les mutuelles ont un outil à leur disposition : le réseau MutElles, créé en 2016 par la Mutualité française sur ce sujet de la cause des femmes. Un réseau dont l’objectif est de sensibiliser le monde mutualiste et qui était parti d’un constat : la faible représentation des femmes dans les instances de gouvernance des mutuelles (27 % alors que la loi prévoit 40 % en 2021). Aujourd’hui, « avec le réseau MutElles, nous allons mettre en place des actions pour déconstruire les stéréotypes de genre. La santé des femmes est trop souvent prise en charge dans une approche masculine. Nos premières études portent sur les maladies cardio-vasculaires, l’autisme et les traitements HIV ».

Améliorer la vie des femmes

Des actions sont donc possibles pour les mutuelles, ce qu’a également déclaré fermement Jocelyne Le Roux. La secrétaire générale adjointe des Mutuelles de France a ainsi dégagé des propositions concrètes : inclure des prestations spécifiques pour les femmes dans les contrats de santé ; former les salariés du livre II pour qu’ils soient en mesure d’orienter les femmes vers des structures adaptées ; mieux former sur ces questions les professionnels de santé du livre III. « On pourrait être précurseurs pour pouvoir faire des IVG médicamenteuses dans nos centres de santé », a lancé Jocelyne Le Roux, tout en concluant : « Il faut s’emparer de tous ces moyens et faire en sorte d’améliorer la vie des femmes. Bougeons nous ! »